Doctor Who
Les aventures du Docteur, un extraterrestre, un Seigneur du Temps originaire de la planète Gallifrey, qui voyage à bord d'un TARDIS (Temps À Relativité Dimensionnelle Inter-Spatiale), une machine pouvant voyager dans l'espace et dans le temps. Le TARDIS a l'apparence d'une cabine de police (construction typiquement ...
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Terminée | Anglaise, GB | 25 minutes |
Science-Fiction, Fantastique, Historique, Action, Adventure, Action & Adventure, Drame, Science-Fiction & Fantastique | BBC One, Youtube, BBC, Global, ABC (AU) | 1963 |
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14.26 - Les serres de Weng-Chiang - Partie 6
The Talons of Weng-Chiang (6)
Voir partie 1...
Diffusion originale : 02 avril 1977
Diffusion française :
02 avril 1977
Réalisat.eur.rice.s :
David Maloney
Scénariste.s :
Robert Holmes
Guest.s :
Vincent Wong
,
Vincent Wong Ho-shun 王浩信
,
Christopher Benjamin
,
Trevor Baxter
,
Deep Roy
,
Michael Spice
Aurait-on trouver l'ultime histoire Doctor Who ? Pour moi il s'agit du meilleur classique qu'il m'ait été donné de voir jusque là, et j'inclus pourtant Genesis of the Daleks, The Deadly Assassin et peut-être même City of Death. Et peu importe tout ce qu'il me reste à voir, ça restera probablement l'un des meilleurs.
Les clichés sont encore décuplés dans cette dernière partie, le second degré est toujours assez présent pour les contrebalancer. Peut-être un poil moins que lors de la partie 5, mais ce serait bouder son plaisir que de refuser cette conclusion hyper-stylisée (un dragon d'or qui tire des rayons lasers ! Leela VS Weng-Chiang !) et vraiment très satisfaisante pour une histoire de ce type. Le scénario est, de plus, relativement fouillé, le background très solide et la résolution est plutôt ingénieuse malgé les scènes d'action un peu pataudes. Certes, Leela met un peu trop de temps avant d'attaquer sérieusement Weng-Chiang, mais en même temps, quelle classe pour une compagne !
J'aime toujours autant le parcours de cette compagne qui apprend petit à petit les coutumes humaines, car c'est aussi l'occasion pour l'épisode de se moquer des codes de l'époque, notamment du sexisme, ce qui ne fait pas vraiment de mal dans un sérial très ancré dans le passé. Le tout de façon nonchalante et sans rendre détestable ni Leela, qui n'a pas conscience des traditions, ni Litefoot, autrement très attachant.
Cela reste globalement très humoristique et parodique, ce qui pourrait faire tâche avec le sérieux des scènes d'action finales et de la façon dont on se débarrasse du méchant. Un méchant plus détourné en dérision et critiqué que craint, il suffit d'observer Leela, la voix de la raison, pour cela.
Il y a cela dit pas mal de petits messages à propos du futur que seul le Docteur connait et qui ont donc un petit aspect "spoilers !" intrigant et un peu moralisateur dans le fond à propos du progrès - car bien que l'épisode traite de la question radicalement différemment de ce à quoi on est habitué, au fond, Weng-Chiang est une énième variation du thème du scientifique fou. Mais j'aime notamment l'idée que pour le Docteur, cette technologie du future inconnue du public est un échec, une invention primitive qui tourne mal et qui rend pathétique cet ennemi, que le Docteur maîtrise tout au long de l'épisode.
J'aime aussi l'idée que le Docteur connaît déjà Magnus Greel, le ministre de la justice de son époque qui est retenu pour être un fou de guerre... car c'est exactement la vision du spectateur également sur cet antagoniste peu impressionnant dans ce très bon sérial. Le fait que l'on soit aussi détaché de cette backstory n'entache en rien mon plaisir sur ce sérial, car là n'est pas la force de ce dernier. On a toujours des phrases complètement nawak et c'est bien voulu :
Pourtant, avoir créé une sorte de mini-contexte politique à travers les récits et échanges du Docteur et de Magnus, donne beaucoup de crédibilité à cet assassin. En peu de dialogues, cela lui donne une motivation, et de bons enjeux vis-à-vis du Docteur. Il y a tout un thème autour de l'alchimie finalement, et de jouer avec des lois qui dépassent les êtres humains, qui rejoint beaucoup du propos de cette ère (The Brain of Morbius, The Deadly Assassin...). Bien que pas fondamentalement original, cela ajoute encore une couche supplémentaire de qualité à un épisode qui, au fond, continue d'honorer le souhait de H&H d'amener Doctor Who vers un show mature et moins bric-à-brac : les aliens ne sont pas de gros blobs verts, mais un soldat plutôt réaliste ; les robots ne sont plus de gros blocs métalliques, mais une marionnette cyborg bien creepy à souhait. Là encore, la réalisation riche aide beaucoup l'immersion.
Et finalement, Magnus Greel a raison sur un point : il aura beau être retenu comme un lunatique destructeur, que ce soit par l'Histoire ou par le spectateur, nous ne serions pas là sans lui... puisqu'il n'y aurait pas lieu d'écrire l'histoire. A nouveau, j'ignore si c'est voulu (vu le boulot immense qu'a nécessité la production et l'écriture du sérial, je pense que si), mais c'est une superbe lecture méta du rôle de l'ennemi "classique" de Doctor Who, peu impressionnant et pourtant terriblement nécessaire.
D'autant que malgré le ridicule du personnage, il y a toujours Mr. Sin, le fameux Homoncule, en plus de Magnus. Et Sin, pour le coup, reste de A à Z toujours creepy et flippant, même avec des bruits de cochons. Le fait de ne jamais faire parler cet ennemi lui donne tout ce qu'il faut pour ne pas reproduire les erreurs des Chucky et autres poupées tueuses, d'ordinaire une imagerie qui ne me touche pas beaucoup. Le sérial voulait nous faire croire avec le cliffhanger précéndent, où l'on voyait le visage déformé, presque animalier de Magnus Greel, que ce dernier était le fameux Homoncule, alors que bien évidemment, il s'agit en fait de la marionnette. Je l'avais vu venir un peu avant, mais ça reste un très bon twist de la marionnette qui se retourne contre son créateur (preuve que ce n'est pas si farfelu comme idée).
Ensuite, Jago et Litefoot sont toujours aussi drôles et contribuent - moins que dans l'épisode précédent, mais tout de même - à renforcer cet aspect comique de situation. Lorsqu'ils sont emprisonnés et évoque le fait d'attendre en se faisant un peu chier en attendant d'être "sacrifiés à l'aube", on critique bien là le cliché classique des méchants qui préfèrent garder en ôtage ses ennemis plutôt que de les tuer. Une ficelle pourtant ensuite utilisée par l'épisode deux fois, forçant d'ailleurs le Docteur à concocter une petite solution chimique de dernière minute. Preuve que tout n'est pas parfait dans The Talons of Weng-Chiang, mais comment lui en vouloir ?
Il y a aussi cette réplique sacrément drôle de la part de Litefoot, un médecin qui examine un Docteur inconscient :
Je trouve également que l'épisode apporte encore plus d'humanité et de personnalité en peu de scènes à ce duo désormais légendaire, notamment le moment où Jago admet être un lâche et Litefoot, si insouciant du danger, admet que personne n'y arrive vraiment une fois confrontés aux faits. Ce qui bien sûr, ne les empêche pas de participer à la scène d'action finale dans le manoir du Dragon. Trevor Baxter (Litefoot) et Christopher Benjamin (Jago) sont tout simplement sublimes et je le redis, pour la dernière fois de cette histoire, ont bien mérité leurs aventures à eux dans Big Finish.
Ai-je, enfin, besoin de mentionner quelque chose dont je n'ai pas parlé depuis le début de cette histoire : Tom Baker est comme toujours, phénoménal ?
Il délivre toutes ses répliques, de la plus sérieuse et imposante à la plus cocasse voire beauf, avec un talent inégalé. Son ère a atteint sa véritable apogée avec cet épisode, et si malgré la baisse globale de qualité, Tom Baker connaîtra à nouveau quelques moments de grâce notamment en saison 17, c'est bien ici que son ère est la plus représentative de ses qualités et des nuances de son personnage.
Ainsi, Robert Holmes, Philipp Hinchcliffe, Tom Baker, Louise Jameson et toute l'équipe s'est juste défoncée pour proposer une production magnifique, extrêmement bien écrite, hilarante, atmosphérique, bourrée de références assumées, aux multiples mises en abyme subtiles qui n'entachent jamais la qualité de l'histoire. Un véritable hommage à un mélange de genres et à Doctor Who formant une tournée d'adieux parfaite à ce qui restera sans doute la meilleure ère de la série classique.
Note globale : 16.33/20
Pour de bonnes raisons, comme pour certaines mauvaises, ce sérial reste probablement un objet d'époque, une pièce qui appartiendra sûrement dans un musée si la série devait un jour en avoir un. De par l'abondance de ses clichés, mais aussi sa claireté là-dessus, de la reprise de plusieurs ficelles classiques à ses détournements intelligents sur ce que signifiait Doctor Who à l'époque, The Talons of Weng-Chiang est parvenu à capturer un moment dans le temps. C'est une vraie photographie de ce qu'était Doctor Who, la télévision et la fiction à l'époque. Enfin, je ne m'y connais pas tant que ça en fiction de l'époque, mais c'est en tout cas l'impression que transmet à son échelle cette histoire. Et pour Doctor Who, c'est probablement l'épisode le plus représentatif de la série à mes yeux, en partie grâce à (et pas toujours "malgré") ses nombreuses imperfections, dont son boulet raciste très ancré. C'est ce qui le rend intemporel en bien comme en mal, quelque part.
Ainsi s'achève donc non seulement The Talons of Weng-Chiang, le chef d'oeuvre reconnu à raison comme l'une des meilleures histoires de Four, voire de la série, mais aussi de toute une ère. Et quoi de mieux que ce plan final sur une disparition du TARDIS, ce "véhicule probablement fourni par Scotland Yard", laissant nos amis Jago et Litefoot admiratifs face à ce qu'ils qualifient de joli tour de magie, en partageant une pensée pour Li H'sen, magicien incompris qui rêvait de faire plaisir aux anglais. En tant que spectateur, je suis tout simplement dans la même position.
Chapeaux les artistes !